Le mal dans la tragédie grecque, par Robert Veron

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Description

Maisonneuve & Larose, 2003, broché, 216 pp.
 
L’importance actuelle des Tragiques grecs n’est pas contestable, car nulle littérature n’a poussé aussi loin ce que nous pouvons apprendre sur l’humain, aussi bien dans l’horreur qu’il est capable d’atteindre, dans sa cruauté, que dans une insurpassable grandeur. Clytemnestre après avoir assassiné son époux, découpe l’extrémité de ses membres et les lui attache avec un cordon autour du cou et sous les aisselles pour prévenir une éventuelle vengeance du mort. Médée accomplit un geste terrible d’autodestruction en égorgeant ses deux fils pour punir Jason, à qui elle avait permis de conquérir la toison d’or, de s’être choisi une autre épouse.
Racine affirmait que les Tragiques étaient une école de vertu au sens de virtus, force morale, et qu’aucun des ouvrages de son époque n’était aussi solide et aussi plein d’utiles instructions. Giraudoux a écrit que leur héritage ne cessait pas d’être vivant, précieux, et que “cette sorte de spectacle était la seule forme d’éducation morale et artistique d’une nation.” Les héros des tragédies étaient de race royale pour, aux yeux des spectateurs, avoir davantage de relief, mais les chœurs, composés de matelots, de servantes, d’esclaves, intervenaient pour faire entendre des jugements et des émotions dictés par le bon sens populaire. Il n’y avait pas un cloisonnement qui aurait fait accorder moins d’importance à la parole du peuple qu’aux opinions énoncées par les privilégiés de la société ou de la culture.